Et si la sollicitude nous permettait d’aller vers la neutralité ?

Q.  Quand on évoque la sollicitude, c’est quoi exactement ?

R.  la sollicitude, c’est d’être absolument à l’écoute de l’autre, d’être capable de l’aider dans le domaine où il en a le plus besoin, où il y a un réel besoin, non pas en se faisant notre propre idée, mais en étant attentifs à ce que l’autre demande, en ciblant avec justesse ce dont l’autre a besoin. Etre dans la sollicitude, c’est être capable de voir ce qu’il faut réellement à l’autre et de parer à cela, de pouvoir à tout moment être prolixe en parole, en affection, en tendresse, en aide matérielle, en aide de tout instant, sur le plan physique, sur le plan sentimental, sur le plan maladie, de pouvoir être vraiment à l’écoute de l’autre dans ce qu’il est réellement.

La sollicitude, c’est savoir se mettre à la portée de l’autre sans venir interférer en quoi que ce soit par sa propre personnalité.

La sollicitude, c’est de savoir voir ce qu’il faut à l’autre même si dans nos propres convictions, nous n’avons pas les mêmes idées.

La sollicitude, c’est savoir donner ce que nous ne concevons même pas car nos idées seraient totalement différentes de la personne.

La sollicitude, c’est savoir effacer son a priori pour accepter et adopter l’a priori de l’autre, même et surtout s’il nous heurte.

C’est ça la sollicitude.

Q.  L’inverse de la sollicitude est-il l’égoïsme ?

R.  L’inverse de la sollicitude n’est pas tout à fait l’égoïsme ; c’est le « personnalisme », le « Moi, je ». C’est vouloir d’abord pour soi avant de donner aux autres. L’égoïsme, c’est le contraire de la générosité. Mais pour la sollicitude, c’est le contraire de personnel. C’est plutôt le fait d’être très personnel et d’être dans un état de solitude un peu en dehors des autres, de se mettre dans son petit cocon et de penser d’abord à soi-même, à sa propre personne. L’égoïste, lui, va penser à lui et ne va jamais donner quoi que ce soit aux autres. Le personnel va tout d’abord penser à lui, et ensuite, aux autres, oui, mais il va donner alors que l’égoïste ne donnera jamais rien.

Q.  Est-ce la sollicitude qui détermine l’amour amitié ou est-ce le contraire ?

R.  Eh bien, je te dirai que lorsque tu es dans la sollicitude, tu vas être plus capable d’amour amitié que les autres personnes. Mais ce n’est pas la sollicitude qui va déterminer réellement l’amour amitié, ni toutes les autres formes d’amour. C’est l’amour lui-même qui va déterminer l’amour amitié. C’est l’ouverture de l’esprit qui va déterminer l’amour amitié. C’est la tolérance qui va déterminer l’amour amitié avant tout. La sollicitude, elle, va te permettre de montrer que toi, tu es capable d’un acte correct, d’un acte beau, d’un acte merveilleux, d’un oubli total de toi-même par rapport à l’autre. La sollicitude va montrer que tu es capable d’avoir  de l’amour amitié. Mais la sollicitude vient après l’ouverture de l’esprit qui commandite immédiatement l’amour amitié. Si tu as une sollicitude innée et que tu avances dans ta vie sans te préoccuper de ce que tu es, en donnant sans cesse ta sollicitude, tu ne vas pas ouvrir vraiment l’amour amitié.

Q.  Quel est le rapport entre la condescendance et la sollicitude ?

R.  La sollicitude, c’est avoir une condescendance hors du commun, c’est un petit peu plus haut que la condescendance. La sollicitude, c’est entrer dans son besoin et lui donner ce qu’elle désire même si ce n’est pas ce que vous, vous désirez. Et entre la condescendance et la sollicitude, il y a cette différence : la condescendance, c’est bien vouloir redescendre pour être à la hauteur de l’autre et faire l’effort de le faire, alors que la sollicitude est innée : elle vient du cœur et elle doit toucher exactement où le bât blesse chez la personne, où elle a un besoin.

Q.  Existe-t-il une différence entre la sollicitude et la générosité ?

R.  Oui. La générosité, c’est celui qui donne à profusion, qui sait se départir de ce qu’il a pour donner à droite et à gauche, sans se poser de question. C’est agir avec don de soi sans se préoccuper de savoir si le don est bien placé. La sollicitude, c’est prendre un cas bien précis et se placer, pour cette personne, dans ce qu’elle est, dans ce dont elle a besoin. Il faut que vous sachiez que chaque fois que nous réussissons dans l’aide à l’autre, nous lui apportons de la protection et de la chance et lorsque cet autre a la reconnaissance de cette aide, il apporte alors à son tour la chance et la protection. Il faut donc que nous parvenions à rendre reconnaissants ceux à qui nous faisons du bien et qui, malheureusement bien trop souvent, sont des ingrats et des traîtres. Quand il y a déviation et ingratitude de la personne cependant, cela ôte toute bonne évolution et fait entrer celui qui a dévié dans la méchanceté ou tout autre mauvais agissements répréhensibles. Se couper de sa bonne évolution de cette façon est très grave pour le futur de l’être concerné.

Q.  Les personnes qui sont dans le naturel et la simplicité ont-elles la sollicitude plus spontanée que d’autres ?

R.  Oui, surtout les personnes qui sont dans le naturel. Celles qui sont dans la simplicité vont faire les choses sans rien attendre, sans fioritures, mais celles qui sont dans le naturel, oui, sont beaucoup plus capables que les autres de trouver exactement ce qu’il faut à la personne qui est dans le besoin et de lui donner, avec beaucoup de gentillesse et d’éloquence, exactement ce qu’il lui faut. Vous verrez cela également chez les êtres qui sont simples d’esprit : ces êtres-là sont d’une gentillesse bien souvent extrême et savent vous donner au moment où vous avez besoin.

Q.  J’ai l’impression qu’au fond, la sollicitude s’approche énormément de l’amour : l’amour est faible, et l’amour faible peut enclencher la haine, ainsi que la sollicitude mal aspectée ou mal appliquée.

R.  Quand tu vas être dans la sollicitude, la sollicitude va te donner la force et le pouvoir que l’amour ne te donne pas forcément : c’est le moteur de l’action, c’est le moteur actif. Mais si tu n’as pas réussi à faire évoluer celui à qui tu as donné, alors, il peut absolument te renvoyer en haine ce qu’il aurait dû reconnaître dans l’amour. Si tu as eu pour lui de la sollicitude, tu enclenches et touches forcément le sentiment d’amour qu’il devrait alors te renvoyer, mais s’il dévie, alors, c’est la haine qui parle en premier et là, il t’envoie le sentiment de haine et peut te faire alors beaucoup de mal sans s’en rendre compte, car la haine l’emporte sur l’amour. Et il se trouve alors toutes les circonstances atténuantes pour ne pas souffrir de ses propres comportements, ce qui serait trop dur pour lui. Alors bien sûr, ça se rejoint, c’est obligatoire, parce que si tu n’étais pas dans l’amour, tu ne pourrais pas être dans la sollicitude.

Q.  Comment se fait il que lorsque nous nous faisons abuser dans cette sollicitude mal employée, c’est sur nous que revient le négatif ?

R.  À partir du moment où tu entres dans la sollicitude envers quelqu’un, tu te rends compte de son besoin réel. Lorsque tu as donné à la personne qui te sollicite et qui attend de toi quelque chose, ce dont elle a besoin avec exactitude, tu vas  alors entraîner pour elle la protection et la chance. Si cette personne tombe dans l’ingratitude et la non reconnaissance envers ce qui est juste pour elle, sa bonne évolution est alors stoppée. Et la nature renvoie en mal ce que tu n’as pas  pu faire passer correctement. Le mauvais sens de l’autre t’est  alors, je ne dirai pas imputé, mais presque, car les vibrations du mal que l’autre met en place te touchent alors de plein fouet parce que tu te trouves en plein dans sa ligne de mire et concerné principalement par ses mauvais sens. C’est anormal, mais c’est comme ça.

Q.  Que penser d’un être humain qui cesserait toute sollicitude envers une personne qui fait preuve d’un négatif exacerbé ?

R.  Il est important qu’envers cette personne qui donne un négatif exacerbé, tu cesses d’avoir de la sollicitude pour elle car cela équivaudrait à donner de l’or aux pourceaux. Encore faut il que cette personne soit réellement comme tu la vois. Il faut vous méfier des pièges qui sont postés devant vous. Que tu lui donnes de la bonté, que tu lui donnes de l’amour, que tu lui donnes de la lumière, c’est bien, mais à ce moment-là, il faut éviter de lui donner de ta sollicitude car tu vas entraîner toutes les difficultés dont nous venons de parler.

Q.  Lorsqu’une personne refuse la sollicitude, est-ce quelque chose qui a bloqué antérieurement et qui provoque un refus ou une peur d’être redevable ?

R.  Oui, le fond est exactement cela : elle ne veut être redevable à personne ; elle veut donner mais elle ne veut pas que l’on pense qu’elle a donné pour un retour. Elle veut donner sans retour, elle ne veut pas faire l’échange. Elle veut donner mais elle ne veut pas qu’on lui donne. C’est cela, le fond. En réalité, elle a besoin de beaucoup de choses comme tout le monde, mais elle n’arrive pas à dépasser cette règle qu’elle s’est mise dans sa vie à cause de gens qui l’ont perturbée ; elle n’arrive pas à dépasser cela.

Q.  Face à ces personnes qui bloquent le retour et l’échange, comment pouvons nous manifester de la sollicitude, par quel moyen, quelle voie, par quelle attitude qui permette de débloquer ce système justement ?

R.  Pour les personnes qui sont dans ce cas là, c’est extrêmement difficile de les faire changer d’avis lorsqu’elles sont très têtues. C’est le cas de ces personnes qui se donnent des règles de vie dans quelque domaine que ce soit. Ces personnes qui font cela sont très difficiles à faire changer. C’est comme quelqu’un qui est entré dans un mauvais sens, qui a dans son esprit un défaut que l’on arrive difficilement à faire changer parce qu’il l’a mis dans l’application matérielle et qu’il s’en sert.

Il faut être dans la sollicitude chaque fois que tu le peux. Il ne faut pas forcer les choses si la personne qui est face à toi ne veut pas les accepter. Il ne faut pas forcer les choses si la personne qui est face à toi ne les comprend pas ou les prend en mal ou agit mal. Si tu es dans la sollicitude pour quelqu’un qui, sans arrêt, te renvoie du mal et que tu continues à être dans la sollicitude pour elle, alors tu ne feras pas évoluer la situation : au contraire, tu envenimeras le mal et tu permettras à cette personne de se servir encore plus du mal qu’elle ne sait plus prendre, à ce moment-là, que comme un bouclier. Alors non, il ne faut pas aller dans la sollicitude jusqu’à ce qu’il y ait prise de conscience ou raisonnement. II faut être dans la sollicitude à chaque instant que cela est possible et si tu observes que ça ne va pas, tu cesses.

S’il n’y avait pas la sollicitude et s’il n’y avait pas le moyen de l’appliquer, il ne pourrait pas y avoir d’échange dans l’Univers. Or l’évolution passe obligatoirement par l’échange et, avec « la force du neutre au milieu d’une discussion négative, c’est savoir se placer pour faire changer certains comportements et incompréhensions »*

 

* voir article du 26 mars 2017